jeudi 20 juin 2013

Motion de défiance du gouverneur Julien Paluku ou émotion ?


Nord-Kivu, les cinq députés provinciaux du Nord-Kivu, redoutent que l'assemblée provinciale du Nord-Kivu soit cotée nulle dans sa mission de contrôler et sanctionner l'exécutif provincial. Ils ont exprimé cette crainte à Goma. Cette crainte est l'émanation de la motion de défiance qu'ils ont initiée contre le gouverneur. Ils ont demandé, au ministre de l'intérieur de cesser de faire pression au président de leur assemblée et le laisser revenir à Goma, sans délais, pour vider cette question une fois pour toute en plénière : « La motion a été déposée et doit être vidée, dans la plénière, conformément au règlement de l'assemblée, avant toute autre matière », ont dit les députés Fataki Pascal, Kakule Saa Sita, Kyambi Desiré, Jaribu Muliwavyo et Kazungu Simon. Selon eux, le retard de vider cette motion a déplacé le débat dans les médias et dans des groupes sociaux qui sont des cadres non légaux en matière. Ils exigent ainsi le retour urgent de leurs présidents et vice président qui, pensent-ils, sont retenus délibérément à Kinshasa. Honorable Kakule Saasita. Les cinq députés initiateurs de la motion demandent à leur bureau et à leurs collègues de conjuguer les efforts pour la cause de l'honneur de l'assemblée provinciale du Nord-Kivu pour lui donner une évaluation positive. L'exécutif et le législateurs de la province du Nord Kivu ont montré de quoi ils sont capables au sujet de la gestion de la province touristique gangrène par plusieurs problèmes.


Nord-Kivu : nous nous attendons toujours au pire

Les habitants du Nord Kivu n'en peuvent plus. La région est une poudrière en proie à une prolifération de groupes armés souvent manipulés par des hommes politiques dont aucune négociation n'est venue à bout. L'arrivée de la force internationale apparaît comme un frêle espoir.
 Au Nord Kivu, la tension monte dans les territoires voisins de Masisi et Walikale, après la mort le 22 mai dernier, du chef de la localité de Mutongo, qui aurait été capturé, torturé et décapité par des forces de l'Alliance pour un Congo libre et souverain (APCLS).
Malgré les appels au dialogue lancés par les autorités provinciales et coutumières, la situation reste tendue entre les ethnies hunde et nyanga. Depuis plus de deux mois, les affrontements entre militaires des FARDC et miliciens de l'APCLS se multiplient dans le Nord Kivu, à l'Est de la RD Congo. A Kitchanga, une localité située à environ 80 km à l’ouest de Goma, les populations sont sur le qui-vive. "Nous nous attendons toujours au pire. Les combattants de l’APCLS ont encerclé notre localité et il suffit d'une étincelle pour que les combats éclatent avec les FARDC", témoigne un habitant de cette localité, sur les antennes de radio Okapi.

Même inquiétude dans d'autres territoires de la province. "Le M23 a installé des brigades à 3 km de Vitshumbi et annonce la poursuite de la guerre jusqu'à Lubéro, Butembo et Béni. L'inquiétude grandit au sein de la population", déclare Omar Kavota porte-parole de la société civile.
A ce jour, il existe plus d'une trentaine de groupes armés. Des factions dites d'autodéfense qui écument les villages et maintiennent l'Est du pays dans une grande instabilité. "Le Nord Kivu est une véritable poudrière, les communautés se défient et se méfient les unes des autres. C'est ce qui explique la création de milices ethniques ou communautaires", regrette un membre de la société civile du Nord Kivu.

D'où vient le problème?
Les analyses ne manquent pas pour expliquer les conséquences des tensions dans cette région de la RD Congo, avec les déplacements de populations qui débouchent sur d'interminables conflits fonciers, difficiles à gérer par un pouvoir coutumier inexistant. Sans compter l'opportunisme d'hommes politiques qui manœuvrent dans l'ombre pour leurs propres intérêts. Certains notables n'hésitent pas à relire l'histoire coloniale du Kivu, avec les vagues de migrations des pasteurs tutsis et agriculteurs hutus au 19ème siècle et au début du 20ème. Certains de ces notables relient d'ailleurs les actuels conflits fonciers aux rectifications de frontières opérées en 1910, avec l'attribution de la majeure partie du lac Kivu, dont l'île d'Ijwi, à la colonie belge du Congo .
Pour d'autres, les raisons de la crise à l'Est du pays sont plutôt à chercher dans la mauvaise gestion du pays depuis l'indépendance. "La colonisation a laissé place à une dictature et l'Etat n'a jamais été capable de former et d'encadrer les militaires. Les dissensions et divisions au sein de l'armée se sont accentuées depuis la rébellion, il y a seize ans, de l'Alliance des Forces démocratiques de Libération du Congo (AFDL), qui a conduit à la guerre à l'Est", estime Jaribu Muliwavyo, député provincial.
Malgré les sommets internationaux, les multiples rencontres et dialogues politiques, l'instabilité persiste et les populations, dans la peur et l'incertitude, attendent toujours des solutions pour un retour durable de la paix.
Face à cette situation impatience se conjugue avec scepticisme. Des initiatives ont été mises en place, des propositions annoncées, des négociations engagées, y compris le partage du pouvoir. Mais aucune mesure n'a encore permis de sortir le pays du tunnel. "On est fatigué des guerres interminables qui tournent autour des questions foncières, de territoire ou de nationalité. Que les politiciens cessent de nous manipuler. L’Etat doit clarifier les textes législatifs afin de départager les gens", souligne un enseignant déplacé.
Un mince espoir subsiste, avec la mise en place d'une force d'intervention internationale et le redéploiement des militaires congolais qui reprennent le dessus sur le terrain.
Alain Wandimoyi

Nord-Kivu : nous nous attendons toujours au pire

Les habitants du Nord Kivu n'en peuvent plus. La région est une poudrière en proie à une prolifération de groupes armés souvent manipulés par des hommes politiques dont aucune négociation n'est venue à bout. L'arrivée de la force internationale apparaît comme un frêle espoir.
Au Nord Kivu, la tension monte dans les territoires voisins de Masisi et Walikale, après la mort le 22 mai dernier, du chef de la localité de Mutongo, qui aurait été capturé, torturé et décapité par des forces de l'Alliance pour un Congo libre et souverain (APCLS).
Malgré les appels au dialogue lancés par les autorités provinciales et coutumières, la situation reste tendue entre les ethnies hunde et nyanga. Depuis plus de deux mois, les affrontements entre militaires des FARDC et miliciens de l'APCLS se multiplient dans le Nord Kivu, à l'Est de la RD Congo. A Kitchanga, une localité située à environ 80 km à l’ouest de Goma, les populations sont sur le qui-vive. "Nous nous attendons toujours au pire. Les combattants de l’APCLS ont encerclé notre localité et il suffit d'une étincelle pour que les combats éclatent avec les FARDC", témoigne un habitant de cette localité, sur les antennes de radio Okapi.
Même inquiétude dans d'autres territoires de la province. "Le M23 a installé des brigades à 3 km de Vitshumbi et annonce la poursuite de la guerre jusqu'à Lubéro, Butembo et Béni. L'inquiétude grandit au sein de la population", déclare Omar Kavota porte-parole de la société civile.
A ce jour, il existe plus d'une trentaine de groupes armés. Des factions dites d'autodéfense qui écument les villages et maintiennent l'Est du pays dans une grande instabilité. "Le Nord Kivu est une véritable poudrière, les communautés se défient et se méfient les unes des autres. C'est ce qui explique la création de milices ethniques ou communautaires", regrette un membre de la société civile du Nord Kivu.

D'où vient le problème?
Les analyses ne manquent pas pour expliquer les conséquences des tensions dans cette région de la RD Congo, avec les déplacements de populations qui débouchent sur d'interminables conflits fonciers, difficiles à gérer par un pouvoir coutumier inexistant. Sans compter l'opportunisme d'hommes politiques qui manœuvrent dans l'ombre pour leurs propres intérêts. Certains notables n'hésitent pas à relire l'histoire coloniale du Kivu, avec les vagues de migrations des pasteurs tutsis et agriculteurs hutus au 19ème siècle et au début du 20ème. Certains de ces notables relient d'ailleurs les actuels conflits fonciers aux rectifications de frontières opérées en 1910, avec l'attribution de la majeure partie du lac Kivu, dont l'île d'Ijwi, à la colonie belge du Congo .
Pour d'autres, les raisons de la crise à l'Est du pays sont plutôt à chercher dans la mauvaise gestion du pays depuis l'indépendance. "La colonisation a laissé place à une dictature et l'Etat n'a jamais été capable de former et d'encadrer les militaires. Les dissensions et divisions au sein de l'armée se sont accentuées depuis la rébellion, il y a seize ans, de l'Alliance des Forces démocratiques de Libération du Congo (AFDL), qui a conduit à la guerre à l'Est", estime Jaribu Muliwavyo, député provincial.
Malgré les sommets internationaux, les multiples rencontres et dialogues politiques, l'instabilité persiste et les populations, dans la peur et l'incertitude, attendent toujours des solutions pour un retour durable de la paix.
Face à cette situation impatience se conjugue avec scepticisme. Des initiatives ont été mises en place, des propositions annoncées, des négociations engagées, y compris le partage du pouvoir. Mais aucune mesure n'a encore permis de sortir le pays du tunnel. "On est fatigué des guerres interminables qui tournent autour des questions foncières, de territoire ou de nationalité. Que les politiciens cessent de nous manipuler. L’Etat doit clarifier les textes législatifs afin de départager les gens", souligne un enseignant déplacé.
Un mince espoir subsiste, avec la mise en place d'une force d'intervention internationale et le redéploiement des militaires congolais qui reprennent le dessus sur le terrain.
Alain Wandimoyi

Goma : Rien ne va plus à Goma



(Syfia Grands-Lacs/Rd Congo) Rien ne va plus à Goma où des habitants sont assassinés ou attaqués chaque jour depuis près de trois semaines. Infiltration du M23 ou banditisme tout le monde s'interroge et s'inquiète. La vie s'arrête désormais à 18 h en même que les taxis motos interdits la nuit, car soupçonnés de participer à ces crimes.
Plus de 15 personnes ont été tuées ces trois dernières semaines à Goma, la capitale du Nord Kivu, de très nombreuses autres attaquées et dépouillées. C'est fin septembre que ces actes de banditisme ont recommencé, après un an d'accalmie, lorsque trois personnes, dont un capitaine de la garde présidentielle, ont été assassinées alors qu'ils prenaient la bière dans une alimentation près de l'université de Goma.
Après l'explosion d'une grenade le 9 octobre dans le quartier Mapendo qui a fait un mort et plus de 20 blessés, l'autorité urbaine a décrété l'arrêt de la circulation des taxis motos à 18 heures. Ces engins rapides qui se faufilent dans les ruelles permettent en effet aux attaquants de fuir rapidement dès leur forfait commis.
Après les enquêtes de la police criminelle, deux personnes un taximan moto et un revendeur de véhicules ont été arrêtés. La police est ainsi tombée sur le gang qui a enlevé un pasteur de l'Église de la 8e CEPAC en volant son véhicule au début du mois d’octobre. Nason Kubuya Kundos, le maire de la ville s'en félicite: "Je dis à la population que les réseaux des bandits sont déjà connus, nous avons procédé à des arrestations à ce jour. Nous invitons aussi la population à accompagner notre action." Selon lui, 60% des personnes appréhendées étaient des taximen moto comme pour l'attentat à la grenade. "Depuis qu'ils ne peuvent plus circuler la nuit, ils n’ont plus les moyens de transport qui le permettaient d’opérer leur sale besogne", conclut-il.

À 18 h tout s'arrête
Cette recrudescence de l'insécurité que certains qualifient de "terrorisme urbain" décontenance la population et les autorités. "Le M23 s'est déjà infiltré à Goma et crée cette situation pour déstabiliser le chef de la province", affirme à Radio Okapi Omari Kavota, porte-parole de la société civile du Nord Kivu. Le M23 rejette cette allégation et déclare sur une radio qu'il menace de prendre la ville de Goma pour sauver les habitants tués chaque jour sans aucune assistance. La population vit la peur au ventre : "Dans cette confusion, chacun risque de perdre sa peau, je préfère désormais rentrer chez moi au plus tard à 18 h", a décidé, comme beaucoup d'autres, un habitant de Kantindo.
Car, en dépit de l'arrêt des motos le soir, la situation ne s'arrange pas. Personne n'est épargné, opérateurs économiques, autorités, policiers et militaires. "Trop c'est trop, ça devient intenable ! Tenez ces bandits attaquent des autorités comme ce fut le cas à la résidence du vice gouverneur, tuent des militaires, quel sera notre sort?", s'interroge un habitant de Mabanga Sud.
Désormais à partir de 15 h les gens commencent à regagner leur domicile, car la moto est le moyen de transport utilisé par 80% des habitants. Les boutiques et magasins ferment leurs portes et tout le monde se précipite pour rentrer : une vraie marée humaine qui crée des embouteillages. À 19 h les rues sont vides, les bars et alimentations sont fermés.
Une situation qui cause un manque à gagner pour les vendeurs et commerçants : "Nous sommes vraiment asphyxiés par l'insécurité, je ne parviens plus à vendre même pour 50$ par jour alors que ma recette journalière était de 100$ voire même 200$", regrette une commerçante au marché de Virunga. Même cri pour cette propriétaire d'une alimentation à Goma : "Tous mes clients sont partis. Avant, je fermais mon alimentation à 21 h, je suis contrainte de fermer à 18 h"."

Recenser les taxis motos
Malgré tout, beaucoup saluent la mesure prise par le maire. "On ne savait plus qui fait quoi dans ce secteur, la nuit des policiers et militaires devenaient taximen. Notre secteur était déjà infiltré par des bandits", souligne Sukusa Ndayambaje, président d'une des associations de taxis motos, appuyé par son collègue du secteur des taxis voitures. "Je demande au maire de procéder au recensement de tous les taximen de Goma, car ce secteur est infesté par des braqueurs de véhicules et d'autres bandits comme ceux attrapés", souligne Germain son vice-président.
Le maire a promis de le faire, car, dit-il, "il est établi que 60% des taximen moto qui travaillent la nuit sont des policiers et militaires. Or ceux-ci ne sont pas autorisés à faire ce travail-là. Aussitôt fait, nous allons autoriser à nouveau la circulation des taxis moto".
En attendant le transport est compliqué pour les habitants. À la suite de la réunion sur la sécurité le vendredi 12 octobre, le maire les cependant a rassurés quant aux tracasseries. "Nous nous sommes réunis à ce sujet avec l’inspecteur de la police et le commandant de la 8e région militaire, nous avons décidé que celui qui est tracassé ou dont le téléphone est ravi par des militaires et policiers en patrouille, qu’ils viennent nous informer."
Alain Wandimoyi