jeudi 20 juin 2013

Goma : Rien ne va plus à Goma



(Syfia Grands-Lacs/Rd Congo) Rien ne va plus à Goma où des habitants sont assassinés ou attaqués chaque jour depuis près de trois semaines. Infiltration du M23 ou banditisme tout le monde s'interroge et s'inquiète. La vie s'arrête désormais à 18 h en même que les taxis motos interdits la nuit, car soupçonnés de participer à ces crimes.
Plus de 15 personnes ont été tuées ces trois dernières semaines à Goma, la capitale du Nord Kivu, de très nombreuses autres attaquées et dépouillées. C'est fin septembre que ces actes de banditisme ont recommencé, après un an d'accalmie, lorsque trois personnes, dont un capitaine de la garde présidentielle, ont été assassinées alors qu'ils prenaient la bière dans une alimentation près de l'université de Goma.
Après l'explosion d'une grenade le 9 octobre dans le quartier Mapendo qui a fait un mort et plus de 20 blessés, l'autorité urbaine a décrété l'arrêt de la circulation des taxis motos à 18 heures. Ces engins rapides qui se faufilent dans les ruelles permettent en effet aux attaquants de fuir rapidement dès leur forfait commis.
Après les enquêtes de la police criminelle, deux personnes un taximan moto et un revendeur de véhicules ont été arrêtés. La police est ainsi tombée sur le gang qui a enlevé un pasteur de l'Église de la 8e CEPAC en volant son véhicule au début du mois d’octobre. Nason Kubuya Kundos, le maire de la ville s'en félicite: "Je dis à la population que les réseaux des bandits sont déjà connus, nous avons procédé à des arrestations à ce jour. Nous invitons aussi la population à accompagner notre action." Selon lui, 60% des personnes appréhendées étaient des taximen moto comme pour l'attentat à la grenade. "Depuis qu'ils ne peuvent plus circuler la nuit, ils n’ont plus les moyens de transport qui le permettaient d’opérer leur sale besogne", conclut-il.

À 18 h tout s'arrête
Cette recrudescence de l'insécurité que certains qualifient de "terrorisme urbain" décontenance la population et les autorités. "Le M23 s'est déjà infiltré à Goma et crée cette situation pour déstabiliser le chef de la province", affirme à Radio Okapi Omari Kavota, porte-parole de la société civile du Nord Kivu. Le M23 rejette cette allégation et déclare sur une radio qu'il menace de prendre la ville de Goma pour sauver les habitants tués chaque jour sans aucune assistance. La population vit la peur au ventre : "Dans cette confusion, chacun risque de perdre sa peau, je préfère désormais rentrer chez moi au plus tard à 18 h", a décidé, comme beaucoup d'autres, un habitant de Kantindo.
Car, en dépit de l'arrêt des motos le soir, la situation ne s'arrange pas. Personne n'est épargné, opérateurs économiques, autorités, policiers et militaires. "Trop c'est trop, ça devient intenable ! Tenez ces bandits attaquent des autorités comme ce fut le cas à la résidence du vice gouverneur, tuent des militaires, quel sera notre sort?", s'interroge un habitant de Mabanga Sud.
Désormais à partir de 15 h les gens commencent à regagner leur domicile, car la moto est le moyen de transport utilisé par 80% des habitants. Les boutiques et magasins ferment leurs portes et tout le monde se précipite pour rentrer : une vraie marée humaine qui crée des embouteillages. À 19 h les rues sont vides, les bars et alimentations sont fermés.
Une situation qui cause un manque à gagner pour les vendeurs et commerçants : "Nous sommes vraiment asphyxiés par l'insécurité, je ne parviens plus à vendre même pour 50$ par jour alors que ma recette journalière était de 100$ voire même 200$", regrette une commerçante au marché de Virunga. Même cri pour cette propriétaire d'une alimentation à Goma : "Tous mes clients sont partis. Avant, je fermais mon alimentation à 21 h, je suis contrainte de fermer à 18 h"."

Recenser les taxis motos
Malgré tout, beaucoup saluent la mesure prise par le maire. "On ne savait plus qui fait quoi dans ce secteur, la nuit des policiers et militaires devenaient taximen. Notre secteur était déjà infiltré par des bandits", souligne Sukusa Ndayambaje, président d'une des associations de taxis motos, appuyé par son collègue du secteur des taxis voitures. "Je demande au maire de procéder au recensement de tous les taximen de Goma, car ce secteur est infesté par des braqueurs de véhicules et d'autres bandits comme ceux attrapés", souligne Germain son vice-président.
Le maire a promis de le faire, car, dit-il, "il est établi que 60% des taximen moto qui travaillent la nuit sont des policiers et militaires. Or ceux-ci ne sont pas autorisés à faire ce travail-là. Aussitôt fait, nous allons autoriser à nouveau la circulation des taxis moto".
En attendant le transport est compliqué pour les habitants. À la suite de la réunion sur la sécurité le vendredi 12 octobre, le maire les cependant a rassurés quant aux tracasseries. "Nous nous sommes réunis à ce sujet avec l’inspecteur de la police et le commandant de la 8e région militaire, nous avons décidé que celui qui est tracassé ou dont le téléphone est ravi par des militaires et policiers en patrouille, qu’ils viennent nous informer."
Alain Wandimoyi

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