Mateso Baibingi le géniteur de la variété du riz Baibingi1 demande un soutient pour vulgariser cette variété partout en République Démocratique du Congo
La cinquantaine,
ingénieur agronome de formation, Joseph Mateso Baibinge a été pendant
vingt-cinq ans chercheur à l'Institut national pour l'Etude et la Recherche agronomiques à
Yangambi, dans la
Province Orientale de la RD Congo. Il a mis au point d'une variété de riz
pluvial, le baibinge1, qui pourrait remplacer à terme le riz importé.
Picha na Mazungumuzo: Pour
commencer, pouvez-vous nous parler de vos travaux de recherche sur le riz
pluvial?
Joseph Mateso Baibinge: Mes
recherches m'ont conduit à inventer une variété de riz que j'ai nommée le
baibinge1 pourquoi a-t-il fait ces recherches ? Une variété mise au point en
2008 et homologuée en 2010 dans le journal de l'Institut International de Recherche sur le Riz (IRRI)
aux Philippines mais déjà vulgarisée auprès des riziculteurs en 2009.
Le baibinge1
est une variété très rentable, jusqu'à 2500 kg/ha en zone rurale et 4000 kg/ha
en station, dans des conditions normales, sans engrais. Il se cultive sur un
cycle court de plus ou moins quatre mois. Quelle différence de productivité par
rapport au riz actuellement cultivé ?
P N M: Cela
fait quelques années que cette variété de riz a été homologuée et vulgarisée.
Pourtant, on ne le trouve pas facilement sur le marché local?
J M B: Pour l'instant, le baibinge1 est distribué à
faible échelle, principalement au marché de Kisangani. Mais les consommateurs
peuvent également s'approvisionner auprès des Ong basées à Kisangani centre ou
à la station de recherche de l'INERA
à Yangambi BA-BESA, dans le Bas Uélé, notamment dans le district de Tshopo.
Ici à Opienge, on est encore à la phase de récolte. Nous sommes en train d'assurer sa promotion
auprès des retournés de guerre. La grosse difficulté que nous rencontrons dans
la production du baibinge1, c'est que la récolte n'est pas encore abondante,
car certains riziculteurs ne respectent pas les consignes de base pour la mise
en culture. D'autres ne veillent pas suffisamment à protéger leurs champs
contre les prédateurs qui déciment une bonne partie des récoltes. Donc ça ne
marche pas terrible…Est-elle adaptée aux conditions de culture des agriculteurs
?
PNM: Avez-vous
l'ambition de supplanter ou concurrencer le riz importé et consommé à
Kisangani?
J M B: Notre ambition est de faire en sorte que les populations puissent
consommer du riz produit localement. Il faudrait, pour y arriver, avoir la
possibilité de poursuivre les recherches, d'améliorer la variété ou d'en
inventer d'autres, de qualité supérieure, pourquoi pas baibinge2, 3, etc. C'est
en produisant et en consommant local qu'on pourra aussi lutter contre les
pénuries de riz et assurer ainsi l'autosuffisance et la sécurité
alimentaires. Je suis certain que nous
pouvons arriver à une meilleure productivité, sur des cycles plus courts. Mais
cela suppose des moyens et un appui du gouvernement, pour la promotion de cette
variété auprès des populations, dans toutes les provinces du pays, à commencer
par ici, en Province orientale.
PNM: Concrètement,
quels sont les différences entre le baibinge1 et le riz consommé localement?
J M B: Le riz baibinge1 est une variété long grain,
à la différence du riz consommé localement, qui a un grain arrondi et court.
Après décorticage, le baibinge1 perd à peine 30% de son volume alors que le riz
importé n'est rentable qu'à moitié, avec beaucoup de brisures. Je voudrais
ajouter que, question production, la mise en culture, le battage et le
décorticage du baibinge1 sont très faciles.
On peut noter également des différences en ce qui concerne la cuisson.
Le baibinge1 gonfle bien à la cuisson et ne colle pas. Il a un léger arôme et
beaucoup de propriétés organoleptiques, c'est-à-dire du goût, de la texture et
beaucoup de consistance.
PNM: Sans
moyens matériels et investissements, comment arriverez-vous à le promouvoir et
commercialiser?
JBM : En 2012, avec l'appui du Comité International de la Croix Rouge (CICR),
près de 755 ménages ont reçu chacun 10 kg de semences pour cultiver ce riz. On est
en ce moment en phase de récolte et chaque producteur doit rétrocéder près du
tiers de sa récolte au CICR qui va se charger de la redistribution auprès
d'autres familles. Pour l'instant, il ne s'agit que d'une formule à petite
échelle. Si on veut toucher plus de consommateurs, il faudra évidemment développer
d'autres stratégies commerciales. Ce qui suppose, comme souligné plus haut, des
moyens financiers et logistiques importants.
Propos recueillis par
Alain Wandimoyi
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