Certains candidats à la présidentielle en RD Congo demandent déjà l'annulation du scrutin arguant de fraudes massives, alors même que les résultats ne sont pas encore annoncés. De fait, les observateurs tant nationaux qu'internationaux ont noté de nombreuses irrégularités mais ont surtout relevé la grande pagaille qui a présidé à cette journée électorale.
Cependant ce qui a frappé les journalistes de Syfia Grands Lacs présents dans les bureaux de vote des provinces et de la capitale, est aussi l'engouement massif des électeurs à venir voter et la grande vigilance des témoins et observateurs plus attentifs qu'en 2006.
Partout l'affluence a été très grande dans les centres de vote pour ces élections présidentielles et législatives pourtant attendues avec inquiétude. Mais souvent tous les électeurs présents n'ont pas pu mettre leurs bulletins dans l'urne. Soit le nombre de bulletins était insuffisant pour tous les inscrits, soit la durée d'ouverture des bureaux trop courte pour que tout le monde ait le temps de passer, soit, un peu partout, les listes électorales étaient incomplètes et tout le monde n'y retrouvait pas son nom. Et puis, les épais bulletins de vote pour les législatives ont causé bien du souci aux électeurs surtout âgés ou peu instruits à qui il fallait beaucoup de temps et de l'aide pour repérer leur candidat. Des mécontentements lorsque l'attente était trop longue ont parfois émaillé cette journée d'élections.
La plupart des Congolais, y compris ceux du Burundi, attendaient, en effet, avec impatience ces scrutins car beaucoup tenaient à tout prix à désavouer les élus de 2006 qui les avaient déçus et à choisir clairement leurs représentants, espérant qu'ils prendront à cœur leurs problèmes. C'est ainsi qu'à Kisangani, la population a, selon les résultats provisoires affichés dans les bureaux de vote, massivement voté pour le "candidat des pauvres", le transporteur à vélo proche de leurs préoccupations.
Dans de nombreux bureaux de vote, la vigilance était aussi de mise pour éviter les fraudes. Les témoins délégués par les partis politiques étaient ainsi très nombreux, trop nombreux au goût de certains présidents de centres de vote. Beaucoup ont fait leur travail consciencieusement en dépit des longues heures qu'ils ont du passer dans les centres. Ils sont restés jusqu'à la fin du dépouillement traquant la moindre irrégularité même quand l'obscurité rendait difficile la lecture des bulletins de vote.
A Kinshasa, des jeunes se sont aussi organisé pour surveiller les opérations de vote. La crainte de fraudes était tellement forte parfois que certains, pourtant innocents, en ont fait les frais comme ce chef de centre de Goma.
Après cette journée d'élections qui s'est déroulée dans le calme, et sans incident majeur dans la majorité des provinces, excepté à Lubumbashi et à Kananga, les Congolais attendent maintenant avec appréhension les résultats et surtout les réactions des perdants. Feront-ils preuve d'autant de sagesse et de conviction que leurs électeurs ?
Marie-Agnès Leplaideur