vendredi 12 avril 2013

A Balobe qui construit sa maison doit recevoir de l’argent



 Depuis plus 15 ans, les habitants d'Opienge étaient déplacés à cause de la guerre, à leur retour, ils sont dépourvus de tout. Assistés en vivre, et semences ils sont sensibilisés à se prendre en charge et reconstruire leurs villages pour obtenir un gain.

Opienge-Balobe, en territoire de Bafwasende district de Tshopo,  province Orientale est situé à 472 km au Nord Ouest de Kisangani, dégarni de sa population depuis plus de 15ans à cause de la guerre.


Voilà a peine 3 ans, que 12 850 ménages ont commencé à regagner dans leurs villages.
Ces retournés n’ont accès à  rien pour leur survie, ils dorment dans des cases de fortune: «Nous avons trouvé nos maisons brûlées, nos champs envahis par la forêt. Nous  sommes abandonnés à nous-mêmes.pas de routes, personne ne s’approche de nous", regrette un notable à Opienge

Mais l’attention est ailleurs:" Pourquoi les humanitaires ne s'occupent que des déplacés, mais pas de retournés? " S'interroge Norbert Salimini, enseignant.


La situation est pareille à  Balobe, groupement situé à 60 km d'Opienge: " 625 familles sont aussi rentrées, Ils arrivent main vides, ils n'ont ni champs ni maisons ", regrette Fikiri Paul chef de village Basongala Mangobo.
 Ces filets nous servira pour la pêche pour notre alimentation, mais aussi pour vendre à ceux qui ont de l'argent. dit cette habitant.

 pépinière des aubergines


Assistance et auto-prise en charge
Malgré la route impraticable, le CICR brise les obstacles à travers son projet argent contre travail qui vise à réinjecter un flux de monnaie dans cette communauté enclavée et oubliée, après l’avoir sensibilisée pour construire des maisons, une somme de70$ est donnée à chacun qui a achevé la construction.
 Plus de 150 familles de retournes  sur cet axe ont  reçu des  outils ainsi que le matériel de pêche et semences maraichères pour s’alimenter.
Depuis fin décembre 2012, une centaine de maisons ont été reconstruites.
Dans la région d’Ango, en district du Bas Uelé et d’Opienge, 20 associations agricoles sont constituées et suivies par un technicien agricole du CICR pour la multiplication de semences de riz dont chaque association gère 1ha.

 Il a achevé sa maison il vient de bénéficier 70$ qu'il garde jalousement



 Très motivé cette habitant chercher aussi à achever sa maison pour gagner le 70$



 A Opienge 5 associations ont récolté 4 090 Kg de riz et chaque membre a reçu 50 kg de semences pour le prochain cycle cultural et 375 autres familles ont reçu chacune 10kg de semences : « Je suis très content  de recevoir 10kg du riz, je veux le planter pendant cette saison ; avec cette initiative après quelques années notre village sera un grand producteur du riz», se félicite un habitant
 Avant que le CICR ne passe dans ce village les retourné vivaient dans cases de fortunes
 Une motivation humanitaire


Ironie du sort, malgré cet afflux de retournés, il n’y a personne qui les assiste. La plupart des humanitaires ont tourné leur regard vers les déplacés, mais CICR, sous délégation de Kisangani, a brisé cette absence humanitaire : " la vie est précaire à Opienge-Balobe, plusieurs familles n'ont pas de maisons. Ils n'ont pas de quoi se nourrir, ils ne vivent que des fruits sauvages. Ceci nous a motivé à les assister, surtout que  personne ne va vers eux,  voilà notre mission", souligne Caroline, chef de la  sous délégation du CICR Kisangani. " En novembre dernier, nous avons distribué des intrants agricoles et des kits agricoles mais aussi le projet argent contre travail. C’est juste un coup de pousse" poursuit-elle.

 Touts les villageoise se construisent désormais une case
 Les hommes aident les femmes à la préparation de l'argile pour couvrir le mur des leurs maisons.


Tous les habitants sont satisfaits: «merci au CICR, avec la machette qu'il m’a donnée j'ai défriché mon champ, il m’a aussi donné la semence des amarantes et des aubergines, aujourd'hui j'ai fini à construire ma maison. On m’a en suite payé 70$ avec lesquels j'ai acheté un matelas, des assiettes, une pièce de pagne pour ma femme,  et ce pantalon que je porte", confirme Norbert.
Des pêcheurs s’en réjouissent : «avec les filets, je pêche dans la rivière Tshopo  et  je vends mes poissons aux militaires qui ont l’argent ».

 La délégation du CICR est passé se rendre compte de l'évolution du projet en payant ceux qui ont achevé la construction.


Les besoins sont énormes les habitants lacent un cri:" seul le CICR ne peut soulager nos problèmes, que tous les humanitaires emboitent le CICR, nous n’avons rien, les maladies nous attaquent", s’indigne Alphonse Ayali Abede, chef de poste d'encadrement administratif d'Opienge
Opienge est un village qui manque tout, même la monnaie:"N'eut été la présence de militaires FARDC en position, l'argent ne pouvait même pas circuler ; avant tout s’achetait par troc. Que l’Etat nous ouvre au moins cette route de PK 238 jusqu'à Bolobe", recommandation  d’un notable.

Ces enfants ont besoin de tout que le communauté ses mobilisent pour atténuer leurs souffrances


                                                                                                                            

jeudi 11 avril 2013

"Produire et consommer le riz local"


Mateso Baibingi le géniteur de la variété du riz Baibingi1 demande un soutient pour vulgariser cette variété partout en République Démocratique du Congo




La cinquantaine, ingénieur agronome de formation, Joseph Mateso Baibinge a été pendant vingt-cinq ans chercheur à l'Institut national pour l'Etude et la Recherche agronomiques à Yangambi, dans la Province Orientale de la RD Congo. Il a mis au point d'une variété de riz pluvial, le baibinge1, qui pourrait remplacer à terme le riz importé.

Picha na Mazungumuzo: Pour commencer, pouvez-vous nous parler de vos travaux de recherche sur le riz pluvial?

Joseph Mateso Baibinge: Mes recherches m'ont conduit à inventer une variété de riz que j'ai nommée le baibinge1 pourquoi a-t-il fait ces recherches ? Une variété mise au point en 2008 et homologuée en 2010 dans le journal de l'Institut International de Recherche sur le Riz  (IRRI)  aux Philippines mais déjà vulgarisée auprès des riziculteurs en 2009.
Le baibinge1 est une variété très rentable, jusqu'à 2500 kg/ha en zone rurale et 4000 kg/ha en station, dans des conditions normales, sans engrais. Il se cultive sur un cycle court de plus ou moins quatre mois. Quelle différence de productivité par rapport au riz actuellement cultivé ?


P N M: Cela fait quelques années que cette variété de riz a été homologuée et vulgarisée. Pourtant, on ne le trouve pas facilement sur le marché local?

J M B: Pour l'instant, le baibinge1 est distribué à faible échelle, principalement au marché de Kisangani. Mais les consommateurs peuvent également s'approvisionner auprès des Ong basées à Kisangani centre ou à la station de recherche de l'INERA à Yangambi BA-BESA, dans le Bas Uélé, notamment dans le district de Tshopo.
Ici à Opienge, on est encore à la phase de récolte. Nous sommes en train d'assurer sa promotion auprès des retournés de guerre. La grosse difficulté que nous rencontrons dans la production du baibinge1, c'est que la récolte n'est pas encore abondante, car certains riziculteurs ne respectent pas les consignes de base pour la mise en culture. D'autres ne veillent pas suffisamment à protéger leurs champs contre les prédateurs qui déciment une bonne partie des récoltes. Donc ça ne marche pas terrible…Est-elle adaptée aux conditions de culture des agriculteurs ?


PNM: Avez-vous l'ambition de supplanter ou concurrencer le riz importé et consommé à Kisangani?

J M B: Notre ambition est de faire en sorte que les populations puissent consommer du riz produit localement. Il faudrait, pour y arriver, avoir la possibilité de poursuivre les recherches, d'améliorer la variété ou d'en inventer d'autres, de qualité supérieure, pourquoi pas baibinge2, 3, etc. C'est en produisant et en consommant local qu'on pourra aussi lutter contre les pénuries de riz et assurer ainsi l'autosuffisance et la sécurité alimentaires.  Je suis certain que nous pouvons arriver à une meilleure productivité, sur des cycles plus courts. Mais cela suppose des moyens et un appui du gouvernement, pour la promotion de cette variété auprès des populations, dans toutes les provinces du pays, à commencer par ici, en Province orientale.


PNM: Concrètement, quels sont les différences entre le baibinge1 et le riz consommé localement? 

J M B: Le riz baibinge1 est une variété long grain, à la différence du riz consommé localement, qui a un grain arrondi et court. Après décorticage, le baibinge1 perd à peine 30% de son volume alors que le riz importé n'est rentable qu'à moitié, avec beaucoup de brisures. Je voudrais ajouter que, question production, la mise en culture, le battage et le décorticage du baibinge1 sont très faciles.

On peut noter également des différences en ce qui concerne la cuisson. Le baibinge1 gonfle bien à la cuisson et ne colle pas. Il a un léger arôme et beaucoup de propriétés organoleptiques, c'est-à-dire du goût, de la texture et beaucoup de consistance.


PNM: Sans moyens matériels et investissements, comment arriverez-vous à le promouvoir et commercialiser?

JBM : En 2012, avec l'appui du Comité International de la Croix Rouge (CICR), près de 755 ménages ont reçu chacun 10 kg de semences pour cultiver ce riz. On est en ce moment en phase de récolte et chaque producteur doit rétrocéder près du tiers de sa récolte au CICR qui va se charger de la redistribution auprès d'autres familles. Pour l'instant, il ne s'agit que d'une formule à petite échelle. Si on veut toucher plus de consommateurs, il faudra évidemment développer d'autres stratégies commerciales. Ce qui suppose, comme souligné plus haut, des moyens financiers et logistiques importants.


Propos recueillis par Alain Wandimoyi

jeudi 21 mars 2013

Quid de Bosco Ntaganda Terminator!

Bosco à l'honneur en tennue de gala avant de trahir la République pour créer le M23
 Bosco Ntaganda est né à Kiningi, un petit village perdu dans les chaines de montagne des Virunga au Rwanda.  Adolescent, Bosco Ntaganda fuit les persécutions des Tutsi à l’Est de la RDC . Il s’installe  à Ngungu dans le Masisi au Nord-Kivu où il  fréquente  ses études secondaires sans y obtenir un diplôme.
 En 1990, alors âgé de 17 ans, il rejoint le Front patriotique Rwandais, FPR dirigé par l’actuel président du Rwanda Paul Kagame. Face à lexacerbation de la crise au Rwanda, Bosco Ntaganda s’engage dans la lutte contre les rebellions.Ainsi Il va servir dans les armées nationales tant Rwandaise que congolaise.
 Bosco Ntagande regarde passivement sa troupe qui lui a valu l'intégration dans le FARDC après avoir trahit Laurent Nkunda en 2008.
 Il se fait chuchauté des directive par le Général John Numbi l'initiateur de Mixage qui a abouti à l'intégration du CNDP
Douze ans plus tard, Bosco Ntaganda réjouit l’union des Patriotes Congolais, UPC de Thomas Lubanga en Ituri. Il commande des opérations militaires. Un rapport de l’ONU en 2002, Bosco Ntaganda est accusé d’avoir tué 800 civils dans la région de Mungwalu en raison de leur appartenance ethnique mais aussi d’avoir recruté les enfants dans les opérations militaires en Ituri. Le premier mandat d’arrêt international sera lancé contre Ntaganda le 19 avril 2004.. En 2007, Bosco Ntaganda rejoint le CNDP sous la direction de L. Nkunda qu’il renverse deux ans plus tard. Bien que recherché par la CPI, Ntaganda est promu général par les autorités congolaises qui le protège pour la cause de paix, selon elles. En mai 2012, un nouveau mandat est lancé par la CPI contre Ntaganda. Il est accusé  des viols, assassinats et persécution pour motifs ethniques. En avril 2012, il déserte les FARDC et crée avec d’autres officiers de son ethnie la rébellion du M23 qui éclatera en deux ailes quelques mois plus tard. Bosco Ntaganda, un homme impitoyable, surnommé terminator est accusé de plusieurs crimes à kiwanja et Mushaki, où plusieurs centaines de civils, ont été executés au Nord-Kivu, selon une enquête de Human Right Watch.

samedi 12 janvier 2013

HAMDOUNI SADJOU : Une star sortie de la rue fait l'honneur de la musique Congolaise dans les Grands Lacs



Orphelin depuis deux ans de naissance, ramassé par le bon samaritain, opte pour la musique est devenue une star de la région des Grands Lacs Soucieux du sort de ses collègues enfants jeté dans la rue pour plusieurs raisons, il exhorte des parents à la modération et à l'état de prendre ses responsabilités par rapport à ce problème social. Au sujet de sa seconde vie d'artiste, il invite les artistes vers un esprit créativité, mais aussi interpelle le ministère de la culture d'ouvrir l'œil, car l'art est en train de s'évanouir pour y arriver tout le congolais sont impliqués rien ne sert de chercher l'eldorado à l'étranger, l'art c'est du business. Découvrez l'ex enfant de la rue dans cette interview
Bonjour Monsieur, pouvez-vous présenter  quelle âge as tu?
Je m'appelle Hamjou Sadju, j’ai 18 ans jadis enfant de la rue dit Mayi bobo, aujourd'hui artiste musicien.
Pourquoi tu à quitter la vie de Mayibo ?
J'étais dans la rue à cause de la pauvreté et la perte de mes parents, mais j'avais eu un soutien des personnes de bonne volonté qui m'avaient sorti dans la rue. Ils m'ont montré que vivre dans la rue n'est pas une bonne chose et ce n'est pas une vie sur laquelle je peux compter, car je veux rester toute ma vie inutile. Voilà ce qui m'avait motivé de quitter la vie de la rue dite Mayibobo.
Tu as dit tantôt que c'est par manque de parent que tu avais choisis la vie de la rue. Tes parents t'avaient abandonné, sont-ils morts et dans quelle circonstance ?
Je pense que c'est à cause de la guerre que mes parents sont morts, je me suis seulement retrouvée dans la rue après la guerre de 1997, quand j'avais encore deux ans. Je suis passée par le centre Don Bosco à Ngangi où je n'avais pas fait longtemps je suis encore retournée dans la rue où je suis sortie par la bonne volonté de personne à cœur d'amour notamment monsieur Kambere Faustin qui est inspecteur à l'OFIDA et une maman du Nom de Da Jacky qui m'avait beaucoup prodigué de conseil qui m'ont vraiment aidé à quitter cette vie de la rue. Je vous confirme que ces deux personnes ne cessent de m'aider en conseil et en matériels.
Selon toi, en dehors de ce que tu viens de nous dire, dite nous, ce qui pousse d'autres enfants dans la rue ?
Les raisons sont diverses, certains sont dans la rue par leurs propres gré, par exemple certains avec qui je vivais c'était la délinquance juvénile ils se sont révolté par orgueilleux de quitter leurs familiales et d'autres c'est le comportement de leurs marâtre qui les avaient obligés de fuir le toit paternelle. On vivait chacun avec son problème. Pour d'autre c'était un plaisir de vivre ainsi. Pour moi je leur demande de voir où nous allons où est ce qu'on était et que devons-nous faire ? Ce que nous devons faire c'est de n'être de personne utile dans la société.
 Que fais-tu pour le moment ?
Pour le moment grâce à papa Kambere Crispin qui m'a beaucoup aidé, je suis devenue un musicien, je me produis à Kigali et à Kampala. Je suis en plein préparation de mon clip ici à Goma.
De ta vie de la rue en Musicien qui fait l'honneur du pays à l'étranger que pouvez-vous dire à l'état Congolais par rapport au problème des enfants devant leurs parant face au problème qui rame beaucoup d'enfants dans la rue ?
Pour le parent je leur demanderais de ne pas être trop dures envers leurs enfants qu'il ait le temps d'écouter ce que pensent les enfants. Je me rappelle l'un de mes amis lorsque ont étaient dans la rue il me disait il ne peut pas rentrer chez eux, car son père peut le tuer. à ce titre je dis au parent que dresse n'est pas éduquer. Pour l'état ces enfants qui sont dans la rue, ils sont d'abord des congolais et ils ont des droits, malgré qu'ils soient dans la rue, ils ont beaucoup de choses à faire pour le pays c'est une main d’œuvre en perdition, notre état doit créer des centres de formation pour ces jeunes voilà pourquoi j'ai composé une chanson sur les enfants de la rue à cause de la pauvreté. Ils ont faim, ils n'ont pas de logis, les médicaments, même l'éducation ! Nombreux sont innocents ils n'ont pas des parents comme moi, ils n'ont pas d'autres solutions.

Avez-vous quelque chose plus particulière à nous dire que nous n'avons pas fait allusion ?
Je tiens à vous remercier pour m'avoir accordé cette possibilité pour que je parle de la vie dure que mènent mes collègues enfant qui sont dans la rue d'une manière ou d'une autre par contrainte ou par conviction. Je profite de cette occasion pour demander à l'état Congolaise de bien encadrer les artiste en donnant une assistance tant matériel que financier pour que notre culture rayonne, je demande aux artiste de ne pas quitter le pays pour aller à l'étranger il y a tout ici chez nous seulement il nous manque une vision et le moyen. Avec tout ce que nous avons ici chez nous je déplore le manque de la culture de festival pour ceci j'exhorte le ministre de la culture et des arts de focaliser sont attention vers le talant des artiste qui s'évanouissent. Il y a du business dans la musique.
Propos recueillit par Alain Wandimoyi

dimanche 23 décembre 2012

Enfants des rues : en sortir ou y rester ?


Orphelins, maltraités, déçus ou chassés par leurs parents, de famille très pauvres, trop d'enfants vivent dans la rue des années durant. Certains tentent de se réinsérer, d'autres, endurcis, disent ne plus vouloir d’autre mode de vie.
Bien des causes peuvent mener des enfants à vivre dans la rue : décès des parents, pauvreté, maltraitance… C’est le cas, par exemple, de Byamungu Kamundu : "J’ai 16 ans, je ne connais pas ma mère. Je vivais avec mon père chez mon oncle maternel. Lorsque mon père partait travailler, la femme de mon oncle et mes cousins me rendaient la vie dure. Je ne suis pas arrivé à le supporter. Alors j’ai décidé de vivre dans la rue. C’était en 1999, et j’y suis toujours." Si l’on écoute leurs récits, on comprend que nombreux sont les enfants lestés de tels rejets familiaux. Smith Etumba, membre du Parlement d’enfants de Goma, confirme cette perception, en évoquant ses "collègues enfants" : "La majorité d’entre eux n’ont pas de parents, beaucoup d’autres vivent dans la rue suite au divorce de leurs parents, qui ne veulent plus les avoir à charge. Souvent, si l’un se remarie, la nouvelle famille accepte mal les enfants nés d’un premier lit."
S’il y a la pauvreté qui ne laisse pas le choix ("Je n’avais plus de parents, je n’avais pas d’autre moyen de surivre que de vivre dans la rue", témoigne un jeune), il y a aussi ceux qui rejettent toute autorité pour être "libres". "J’ai mon père et ma mère, mais je veux vivre ma liberté. Je veux vivre seul sans que personne ne dirige ma vie. Dans cette vie, je fais ce que je veux", assume un autre enfant de la rue, les yeux rougis par la consommation de drogue.


Responsabilité partagée
A 20h, un samedi à Goma, nous avons rencontré une marmaille d’enfants de 6 à 10 ans autour d’un feu. "Ma maman est trop sévère avec moi. Tout ce que je faisais était mauvais. Voilà ce qui m’a révolté et aujourd’hui je mène cette vie", raconte le plus âgé du groupe. "Cela fait un an que je suis parti de chez nous. Ma mère m’avait envoyé au marché. J’ai perdu l’argent, et elle m’a chassé en me disant de ne pas revenir tant que je ne l’avais pas retrouvé", regrette un autre. "Moi, c’est plus compliqué, continue un troisième, âgé de 12 ans. Mon père avait chassé ma mère. Un jour, il ramène une marâtre. Et le calvaire a commencé : elle nous frappait à longueur de journées, nous injuriait. On ne pouvait manger que quand papa était là. Finalement elle a convaincu un pasteur de nous accuser de sorcellerie ! Et notre père a accepté cela. Cela m’a révolté, et je ne veux plus retourner chez nous tant que cette femme y vit."
Plus loin, les membres d’une autre bande revendiquent leur condition d’enfants de la rue et n’évoquent pas de maltraitances famililales. "J’aime vivre ainsi. Personne ne m’a obligé. Ici je fais tout ce qui me vient à l’esprit. Comment faire dans une famille qui ne m’autoriserait pas à fumer le chavre ou à boire mon Sapilo (alcool fort, NDLR) ? Ma vie est libre ici. Et je n’aime pas ces gens qui viennent nous prendre pour nous amener dans des centres d’encadrement."

Résistances et plaintes
Malgré tout, certains profitent de ces structures qui prônent la protection de l’enfant à l’occasion d’une dislocation familiale ou de brimades : "Il y a 15 jours, on a convoqué un couple en pleine séparation qui s’est disputé la garde des enfants. Grâce à notre action, nous avons réussi à les départager en faveur des enfants. D’abord, en incitant à poser des garde-fous quant aux biens familiaux. Le père a signé devant nous et ses enfants un document attestant qu’il ne vendra pas la parcelle inscrite sous le nom des enfants et de leur mère qui n’aurait eu ni la sécurité physique ni la sécurité matérielle pour subvenir aux besoins des enfants", raconte Smith Etumba.
Le Parlement d’enfants est ainsi très actif sur le sort des enfants de la rue : "Dans le dernier trimestre, le Parlement d’enfants a fait le monitoring de quinze cas qu’il a dû transférer à la police de la protection des mineurs. Malgré leur lourdeur, tous les dossiers furent tranchés en faveur des enfants délaissés", confirme un policier.
Le phénomène des enfants de la rue reste complexe. Certains parents reconnaissent leurs failles. Mais, devant le sort de leurs enfants, ils peuvent aussi rejeter la responsabilité sur l’Etat congolais. "Cela fait plus de dix ans que mon fils est dans la rue parce que je ne parvenais plus à remplir mon devoir de parent faute de moyens. Je travaille dans l’administration publique et vu ce qu’on me paye, je ne peux même pas payer le loyer d’une maison où vivre avec mon fils", raconte tristement Edouard Kamundu. "Une fois les conditons réunies, poursuit-il, mon fils pourra me revenir, car on discute régulièrement à ce sujet et il est d’accord pour revenir dans la famille. Mais, moi aussi, je suis sous-logé chez mon frère. Aussi je ne veux pas chercher une solution à un problème en en créant un autre."
Rappelons les termes de la Constitution (titre II, chapitre 1, art. 16, 40, 41 et 42 : "L’enfant mineur a le droit de jouir de la protection de sa famille, de la société et du pouvoir public ; l’abandon et la maltraitance des enfants sont punis par la loi ; les parents ont le devoir de prendre soin de leurs enfants et d’assurer leur protection à l’intérieur et à l’extérieur du foyer ; les pouvoirs publics ont l’obligation d’assurer une protection aux enfants en situation difficile et de les défendre devant la justice"… Nous avons tenté de joindre les autorités des domaines sociaux et de la jeunesse à ce sujet. Sans succès.
Alain Wandimoyi

vendredi 7 décembre 2012

Incompréhension et colère des soldats congolais






 Syfia Grands-Lacs/Rd Congo) Ce sont des militaires divisés et, pour une grande part, démoralisés qui ont eu à faire face aux soldats du M23. Se sentant trahis par le gouvernement, beaucoup ont choisi de fuir à la veille de la prise de Goma. Témoignages. Ce sont des militaires congolais démoralisés qui se tenaient dimanche sur la ligne de front qui ne tardera pas à être enfoncée par les rebelles du M23. Beaucoup ont commencé à fuir, découragés et même écœurés par leur dernière semaine de combat. Le 15 novembre, ils avaient répondu vigoureusement aux attaques des rebelles. Le lendemain les cadavres de leurs ennemis jonchaient la route de Goma à Kibumba à une trentaine de kilomètres de la ville. "On nous a attaqués à partir de quatre heures du matin, des rebelles et leurs alliés rwandais qui viennent des collines du Rwanda. Nous avons réussi à repousser l'attaque loin de nos positions. La preuve que voici vous dit clairement que des rebelles sont appuyés par les Rwandais", nous affirmait alors un lieutenant.

 Trahis
Pourtant retournés sur les lieux des combats le lendemain, le 16 novembre, nous y avons trouvé des militaires désespérés, certains ivres. Alors qu'ils enfonçaient les lignes ennemies, ordre leur avait été donné d'arrêter les combats. "Ça c'est une trahison pourquoi lorsque nous avons la maitrise de la situation, on nous demande de cesser le feu pour que les rebelles viennent nous surprendre. Il y a quelque chose que nous devons comprendre", s'interrogeait un militaire. "Pourquoi nous demande-t-on d'arrêter de combattre? Voilà nous venons bêtement de perdre nos positions et certains de nos collègues", regrettait aussi un membre d'un commando récemment formé par les Belges. D'autant qu'en franchissant ce groupe vers la ligne avancée de l'armée congolaise à Kibati, à 18 km de la capitale provinciale, nous avons pu voir des tanks, des hélicoptères et divers engins de guerre montrant qu'ils étaient bien équipés.
La colère et l'amertume étaient fortes. En arrivant vers Kibati, un peloton de militaires contemplaient les collines rwandaises, l'un d'eux s'est approché de nous et a dit : "C'est nous qui combattons je n'ai peur d'être contredit : au front nous nous affrontons avec l'armée rwandaise. En tous cas notre président est complice, je ne veux plus m'exposer à la mort dans une armée politisée comme celle-ci." Furieux, près de 500 d'entre eux ont refusé de combattre et ont déserté.
 Le porte-parole de l'armée et celui du gouvernement ont alors parlé eux de repli stratégique pour se réorganiser. Mais, dès le 16, l'armée congolaise avait reculé de 4 km avec femmes et enfants. Car les militaires viennent souvent au front accompagnés de leurs familles qu'ils se contentent de les faire reculer en cas d'attaque. On voit des soldats décrocher avec des enfants dans les bras, ou se fâcher quand leurs épouses les dérangent trop.

Jalousies et suspicions
Des jalousies et des suspicions rongent aussi l'armée. Des militaires engagés ensemble dans les combats contre le M23 ne se font pas confiance : "Ils sont commandos, mais ils n'ont pas des leçons à nous donner, d'ailleurs nous avons repoussé l'attaque des ennemis", expliquait un officier d'un régiment déployé à Kibumba, parlant de ceux qui ont été formés par des militaires étrangers. D'autres estiment que les éléments déployés sur le front à l'Est de la RDC sont trop nombreux. "Je trouve de trop le déploiement des commandos pour combattre le M23, notre unité est capable de les bouter hors d'état de nuire. Ces commandos ne connaissent pas le terrain, ni la tactique de rebelles", affirme un soldat du régiment de l'ex unité Requin.
D'autre part, les commandos redoutent eux la complicité de leurs collègues des régiments avec les rebelles du M23: "Je ne comprends pas. Les ennemis sont informés de nos mouvements alors qu'ils n'y sont pas, cela frise de complicité de nos collègues des régiments qui collaborent avec leurs amis qui ont fait défection depuis le mois d'avril", constate un commando. "Vraiment il y a beaucoup de choses à faire dans cette armée ! Comment expliquer qu'un militaire engage le combat avec un téléphone portable en poche, s'insurge un autre. Certains n'ont pas coupé le cordon avec leurs collègues insurgés, il n’y a pas moyen d'avancer car nous irons toujours d'échec en échec."
Même cri d'alarme de cet officier : "Regarde ce téléphone portable que j'ai trouvé dans la poche du cadavre d'un soldat du M23 tombé pendant la bataille du 15 novembre. J'y reçois des appels en provenance de soldats du camp ennemi. Ils vont nous attraper comme des rats tout en disant que notre commandement leur appartient ; voilà pourquoi je dis que nous sommes infiltrés."
Face à cette situation et à leur rage contre le gouvernement et Kabila qui les a trahis, les a vendus, leur a menti, disent-ils, beaucoup ont déserté retournant à Goma où ils se sont livrés à des exactions dimanche dernier, volant et pillant pour leur compte personnel. Ils ont été remplacés par des unités venues de Bukavu peu au fait du terrain qui n'ont pas résisté à l'avancée des rebelles. Certains ont quitté la ville à l'entrée du M23, les autres ont rendu leurs armes aux rebelles le mercredi 21 et commenceront dès jeudi leur entraînement militaire dans les camps des rebelles.