Dans le Nord Kivu la contribution du PAM ne se
limite pas à nourrir les personnes les plus vulnérables. Grâce au recyclage, le
PAM participe également à la conservation de l’environnement et à
l’amélioration des conditions de vie des communautés.
par Djaounsede Pardon
Kibumba, Est de la RDC : Immaculée Buleze
enfonce un mélange de débris de bois et de papier dans un tube qu’elle place
sous une presse. La mixture arrosée d’eau s’épaissit. Une fois bien pressé, le
cylindre est retiré de la machine, et il en sort plusieurs briquettes qui
seront mises à sécher pendant trois jours. «Ces briquettes sont un combustible,
substitut au charbon de bois. On les utilise dans les foyers améliorés»,
explique Immaculée.
Parmi les matériaux utilisés, des sacs de
vivres du PAM, en épais papier beige, collectés par l’ONG, Africa Conservation
Fund (ACF) sur deux sites de distribution de rations alimentaires.
Cette initiative a été lancée en 2008 par
l’Institut congolais pour la conservation de la Nature (ICCN) pour lutter
contre la déforestation dans le parc national des Virunga. Ce parc, classé
«patrimoine mondial» par l’UNESCO, abrite de nombreuses espèces animales dont
les rares gorilles des montagnes. Il est pourtant menacé par la coupe sauvage
de bois, transformé en charbon, appelé localement le Makala et destiné
essentiellement à la cuisson des aliments.
Les villageois, pour l’essentiel des femmes qui
étaient auparavant impliquées dans la fabrication du Makala se regroupent par
quatre, chaque groupe recevant une presse.
En juin 2010, le PAM a signé un accord avec ACF
pour que l’association puisse récupérer les sacs de vivres, une fois vidés,
dans les sites de distributions autour du parc des Virunga. Les sacs sont aussi
utilisés tels quel, une fois le logo enlevé, pour transporter les briquettes.
«La contribution du PAM est un exemple formidable de ce que l’on peut faire
pour à la fois réduire la déforestation et améliorer les moyens de subsistance
des communautés», explique Balemba Balagizi, le chargé du programme de
production des briquettes.
Pour Immaculée Buleze, le projet a été un
profond changement. «Avant, j’allais dans la forêt chercher le bois et
fabriquer le Makala, ce qui posait un risque pour ma sécurité. Il fallait que
je le fasse pour nourrir mes enfants et payer les frais de scolarité.
Maintenant, je peux assurer mes besoins de base avec l’argent de la vente des
briquettes,» raconte-t-elle.